Mis à jour le 5 septembre 2025

Le contexte économique actuel, marqué par une inflation persistante et une baisse du pouvoir d’achat, pose de nombreuses questions aux parents divorcés ou séparés, notamment sur la révision de la pension alimentaire. En tant qu’avocate intervenant régulièrement en droit de la famille à Bordeaux, je reçois de plus en plus de demandes d’anciens clients qui s’interrogent : peut-on demander une baisse de la pension alimentaire en cas de difficultés financières liées à l’inflation ?

1. La pension alimentaire : un montant indexé, mais des revenus stagnants

La plupart des pensions alimentaires fixées en 2017 ou 2019 sont indexées sur l’indice INSEE. Or, si les pensions augmentent mécaniquement avec l’inflation, les salaires, eux, ne suivent pas toujours. Résultat : le débiteur de la pension voit ses charges s’alourdir, tandis que son pouvoir d’achat diminue.

La question est donc légitime : peut-on demander une révision de la pension alimentaire en cas de baisse du pouvoir d’achat ?

2. La jurisprudence : un élément nouveau est indispensable

Depuis 1993, la jurisprudence est claire : pour demander une modification de la pension alimentaire, il faut justifier d’un élément nouveau (arrêt du 6 novembre 2019). Il peut s’agir :

  • d’une perte d’emploi,
  • d’une baisse significative de revenus,
  • de charges exceptionnelles (maladie, études coûteuses de l’enfant, etc.).

Le juge aux affaires familiales apprécie souverainement la validité de cet élément nouveau.

3. Une jurisprudence sévère envers les débiteurs

Les juges considèrent que les pensions alimentaires pour les enfants sont des dettes prioritaires. Ils estiment que les enfants ne doivent pas subir les conséquences des choix professionnels ou financiers de leurs parents. Ainsi, une simple baisse du pouvoir d’achat, même réelle, ne suffit généralement pas à obtenir une réduction de la pension.

La jurisprudence précise que les enfants n’ont pas à supporter les choix professionnels du père de la mère qui verse la pension alimentaire. (23 juin 2010 – Cour d’appel, ch. civile 04 – 09_02215 _).

Aussi, si vous êtes débiteurs d’une pension alimentaire et que vous subissez comme tout le monde une baisse de votre pouvoir d’achat, il n’est pas certain que le juge fasse droit votre demande de baisse de pension alimentaire.

Exemple concret : Si vous gagnez 3 000 € par mois, le juge pourra estimer que vous pouvez ajuster vos dépenses (vacances, loisirs, etc.) pour maintenir le versement de la pension. En revanche, si vos revenus sont modestes (1 400 € par mois), l’augmentation des charges de la vie quotidienne pourra être prise en compte.

Le juge pourra considérer que vous devez prioritairement payer la pension alimentaire en vous privant sur d’autres postes de dépenses tel que le foie gras de Noël ou encore les vacances à l’autre bout du monde ou si vous n’avez pas une rémunération qui vous permette de régler des vacances ou encore de vous offrir des aliments luxueux, le juge estimera que vous pouvez économiser sur les aliments de tous les jours ou encore sur votre habillement.

Ce raisonnement est sans doute difficile à accepter car souvent, une injustice est ressentie et pour certains parents, il est difficile de comprendre qu’il faut se priver pour payer cette pension. Or, il faut vous dire que si vous étiez encore avec la mère ou le père de votre enfant ou de vos enfants, vous devriez vous priver tout autant.

4. Que faire si vous souhaitez demander une révision ?

  • Consultez un avocat : Il analysera vos revenus, vos charges (factures, tickets de caisse pour les produits de première nécessité) et vous conseillera sur l’opportunité de saisir le juge.
  • Préparez vos justificatifs que vous examinerez et exploiterez avec votre conseil : Relevés bancaires, avis d’imposition, factures (électricité, gaz, courses), etc.

5. Conclusion : une réponse au cas par cas

La baisse du pouvoir d’achat seule ne suffit pas toujours à obtenir une réduction de la pension alimentaire. Tout dépend de votre situation financière globale et de l’appréciation du juge. Un accompagnement juridique est donc essentiel pour maximiser vos chances de succès.