La Plaidoirie devant la Cour d’Assises compte.

Tout simplement parce que les jurés n’ont pas le dossier « papier », ils suivent l’audience, prennent des notes mais n’ont pas accès aux côtes du dossier.

L’avocat devra non seulement prendre une place importante durant les débats devant la Cour d’Assises mais pas uniquement, il devra aussi convaincre lors de sa plaidoirie.

La plaidoirie est difficile: elle doit être à la mesure de la gravité des faits mais aussi à la mesure de l’accusé.

Le droit semble être peu présent car les avocats s’adressent à des jurés qui ne le connaissent pas et pourtant quelques fois, on plaide aussi en droit devant la Cour d’Assises lorsqu’il s’agit par exemple de solliciter une qualification autre aux actes commis , plus favorable à l’accusé car la peine prévue est moindre.

Plaider devant la Cour d’Assises, défendre celui qui est seul contre tous, défendre l’incompréhensible, trouver les mots… c’est cela aussi être avocat.

Me Michèle ARNOLD a su trouver les mots lorsqu’elle a défendu Mathurin qui a commis onze agressions avec Thierry PAULIN, onze agressions de dames âgées.

Ils repéraient une vieille dame dans la rue, la suivaient jusqu’à son domicile, pénétraient chez elle, la bâillonnaient et la torturaient avant de la tuer.

Bien entendu, toutes les vieilles dames ont été volées…

Jean-Thierry Mathurin a confirmé les faits qui ont été avoués par Thierry PAULIN mais précisa que les actes de violence incombaient seulement à ce dernier.

Du 16 au 20 décembre 1991, le procès de la Cour d’Assises a eu lieu, la Cour n’a jugé que MATHURIN car PAULIN est décédé en prison.

Extraits de la Plaidoirie de ma Consoeur Michèle ARNOLD ci-dessous (extraits du livre Arts et Techniques de la Plaidoirie- Laurence Gratiot- Caroline Mécary-Stefan Bensimon-Benoît Frydman et Guy Haarcher- édition LITEC- 2ème édition p 37)

N’ayez crainte, Monsieur l’avocat général, je n’éluderai rien, je n’esquiverai rien, ni le Destop, ni la déchéance, ni la responsabilité, ni les détails abominables. Pas une seconde, je n’ai l’intention d’attribuer à PAULIN, à la société ou au destin ce qui est la faute, la terrible faute, de Jean-Thierry MATHURIN. MATHURIN est coupable, MATHURIN a avoué. MATHURIN doit payer. MATHURIN veut payer. Il a avoué et il veut payer justement parce qu’il n’est et ne veut pas être un monstre à vos yeux, à ses propres yeux, ni pour sa mère.

(…)

Je m’efforcerai de ne pas sortir une minute du bon sens, des témoignages que vous avez entendus et je parle sous votre contrôle.

(…)

Je déteste plus que quiconque, plus viscéralement que quiconque les faits terribles dont j’ai à parler. Il ne tenait qu’à moi de refuser ou de délaisser ce dossier. si je l’ai accepté, c’est sans fascination. J’ai d’ailleurs refusé d’assister Thierry PAULIN.

J’ai accepté de défendre Jean-Thierry MATHURIN à cause d’une phrase, une phrase qu’il a dite devant Monsieur P , et que vous avez entendu hier.

Cette même phrase que Monsieur l’avocat général a également reprise hier:  » Je vous ai dit l’entière vérité. J’ai conscience que je ne me suis pas comporté comme un être humain. je répète que je me suis confié de ces agressions, et encore en partie, uniquement à ma mère. C’est par peur que je ne me suis pas livré à la police. »

(…)

MATHURIN a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 18 ans-