Un petit inventaire à la Prévert:
– il existe des avocats gratuits
– l’avocat commis d’office est moins bon que celui à qui l’on paie des honoraires
– les avocats sont tous copains et lorsqu’ils sont adversaires, s’arrangent pour régler leur affaire entre eux au détriment des clients
– les avocats sont riches
– les avocats défendent seulement les criminels devant la Cour d’assises ou les prévenus devant le tribunal correctionnel
– les avocats sont des voleurs, on ne sait jamais combien on va leur payer !
– un avocat qui perd un dossier est un avocat mauvais
– plus on paie cher la prestation d’un avocat, plus il est bon et plus il me sortira de prison
– un avocat n’a jamais le temps, n’est jamais à son cabinet et ne s’occupe pas de mon dossier
et il existe d’autres idées reçues bien entendu…
Lorsque l’on examine ces clichés, on peut les classer en deux catégories, les idées reçues sur les honoraires des avocats et les idées reçues sur l’exercice de la profession d’avocat.
I. Sur nos honoraires.
– Comme le monstre du Loch Ness : l’avocat gratuit n’existe pas.
Une légende persiste partout sur internet, dans les soirées entre amis et dans les Palais de justice, l’avocat gratuit existerait, cet avocat que personne ne paie et qui se donne corps et âme à son métier. Cette bête étrange qui ne se nourrit pas ou si de justice et d’eau fraîche, qui n’a pas besoin de se loger et qui hante le Palais de Justice !
Bien entendu, cette idée reçue est la reine des idées reçues, l’avocat n’est jamais gratuit, il est toujours payé.
Lorsqu’il est commis d’office ou à l’aide juridictionnelle, le client ne paie rien mais c’est la Société qui paie, l’Etat par l’intermédiaire des Ordres. De même, lorsque l’avocat consulte gratuitement à la Maison de justice et du droit, il est réglé par l’ordre.
A savoir et à ne pas oublier: la loi sur l’aide juridictionnelle article 36 de la loi du 10 juillet 1971 prévoit que lorsque le bénéficiaire de l’aide juridictionnelle obtient des dommages et intérêts si importants que si son dossier est rééexaminé, il n’obtiendrait plus le soutien de l’Etat, l’avocat est en droit de solliciter des honoraires après que le bénéficiaire ait demandé le retrait de cette aide.
En bref, si vous obtenez des dommages et intérêts qui vous permettent d’être au dessus du seuil de l’aide juridictionnelle, vous êtes vivement invité à régler votre avocat.
– les avocats ne roulent pas tous dans des voitures de luxe (non l’avocat n’est pas riche!).
C’est faux, sur ce point voir mon billet
– les avocats sont prévisibles et ne vous volent pas.
La plupart de mes Confrères et Consoeurs s’accordent avec leurs clients sur le montant des honoraires. Une convention d’honoraires est conclue : soit au forfait, soit au taux horaire, soit au forfait avec un pourcentage sur le résultat. Pour un article sur la fixation de nos honoraires, voir ICI.
– la compétence de l’avocat ne se mesure pas au nombre de zéros sur sa facture.
Encore un cliché, ce n’est pas parce que vous réglerez votre avocat très cher que vous gagnerez votre dossier ou que vous sortirez de prison.
Les honoraires en l’absence de convention d’honoraires sont fixés en fonction de la complexité du dossier, des revenus du client et de la notoriété de l’avocat… alors oui, l’avocat spécialisé ou plus expérimenté vous demandera des honoraires plus importants mais tiendra compte aussi de la complexité de l’affaire et de vos revenus pour fixer ses honoraires.
Si vous avez commis une grave infraction et que vous ne présentez aucune garantie (logement fixe, travail…), l’avocat ne pourra pas faire de miracles, il est avocat, il n’ est pas magicien, ne l’oubliez pas !
II. Sur l’exercice de notre profession.
– les petits arrangements entre Confrères sans l’accord du client n’existent pas.
J’avais publié un billet sur notre serment, car nous prêtons un serment, celui d’exercer notre profession avec dignité,conscience, indépendance, probité et humanité.
Cela signifie que nous ne « magouillons » pas avec notre adversaire, avocat comme nous, qui a prêté serment comme nous et qui est peut-être un Confrère ou une Consoeur que nous apprécions.
Si quelques fois nous discutons avant ou après une audience avec ce Confrère qui est notre adversaire, ce n’est pas au détriment du client, nous parlons d’autre chose que le dossier et il ne faut pas y voir un quelconque complot. Nous avons cet avantage et cette force de traiter votre dossier avec distance, sans affect… ce qui nous permet de voir notre Confrère comme un adversaire durant l’audience mais aussi comme un professionnel du droit et Confrère avant ou après l’audience.
– Un avocat qui est toujours disponible n’existe pas non plus.
L’idée reçue selon laquelle nous ne sommes jamais disponibles et de ce fait ne nous occupons pas de votre dossier est fausse.
Ne pas être joignable ne signifie en aucun cas que nous ne travaillons pas votre dossier.
Un cabinet d’avocat n’a pas qu’un seul client (sinon, il fermerait boutique très vite), nous assistons, conseillons et défendons plusieurs clients à la fois et de ce fait, chaque jour nous avons des audiences (il peut y avoir des journées sans… aussi), nous établissons des conclusions et souvent vos conclusions, nous recevons des clients en rendez-vous, nous conseillons nos clients par téléphone…
Aussi, il est normal et vous pouvez le comprendre que nous ne soyons pas toujours joignables pour une de vos questions qui parfois ne sont pas urgentes ou pour votre dossier dans lequel nous attendons les conclusions de l’adversaire…
Je conseille souvent de laisser un message au secrétariat ou de m’écrire un petit mail, je rappelle ou alors je réponds au mail dans les plus brefs délais.
– Tous les avocats ne sont pas des pénalistes.
Nous ne défendons pas tous Emile Louis ou Guy Georges… La majorité des avocats ne sont pas pénalistes et notre activité ne se limite pas à la défense des prévenus devant le Tribunal Correctionnel ou des accusés devant la Cour d’Assises.
Nous conseillons, défendons, négocions.
Notre activité est celle d’un conseil: nous aidons les entreprises à trouver une solution si elles rencontrent des difficultés avec un salarié: faut-il le licencier, lui proposer une modification de son contrat de travail …?
De même, lorsqu’un salarié nous consulte sur ses conditions de travail, nous essayons d’examiner ses demandes et si ce dernier a intérêt à démissionner ou plutôt à prendre acte de la rupture de son contrat de travail ?
En droit civil et droit des affaires, nous rédigeons des contrats de bail d’habitation, des contrats de prestations de service, des statuts de sociétés, des statuts d’associations, des actes de cession de parts sociales….
Notre activité est aussi celle de la négociation: nous pouvons négocier un départ d’une entreprise avec une indemnité et rédiger une transaction ou un acte de rupture conventionnelle, nous pouvons négocier avec votre bailleur pour la restitution de votre dépôt de garantie, avec votre assurance pour l’indemnisation d’un préjudice corporel à la suite d’un accident de la circulation notamment….
Pour finir, notre activité est aussi défendre, la plus connue, vous défendre lorsque vous avez un litige avec votre employeur et devant le Conseil de Prud’hommes, avec votre bailleur ou locataire devant le tribunal d’instance, avec votre ex-époux ou concubin devant le juge aux affaires familiales et j’en passe.
– un avocat commis d’office ou un avocat qui perd un dossier n’est pas un avocat mauvais.
Le cliché de l’avocat commis d’office qui serait un avocat mauvais, nul et qui se désintéresse de ses dossiers m’a toujours mis hors de moi.
Les avocats commis d’office, à Bordeaux, sont des avocats qui interviennent dans l’urgence et qui appartiennent au Centre de défense pénale. Ils peuvent effectuer des permanences pénales que lorsqu’ils ont effectué leur formation initiale. Par conséquent, ce sont des avocats formés et sérieux qui n’ont que ce seul défaut d’être qualifié d’avocat commis d’office avec toutes les idées reçues qui y sont attachées.
Les avocats commis d’office, il est vrai sont jeunes la plupart du temps et plein d’énergie car ces permanences pénales, ces commissions d’office leur permettront de se faire connaître et de développer une clientèle. Il est dans leur intérêt de bien travailler !
De même, l’avocat qui perd son dossier n’est pas forcémment mauvais, la plupart du temps, c’est le dossier qui est mauvais et votre avocat vous aura prévenu des difficultés pour le gagner !