Beaucoup de sites ont compris que le droit était un marché, que les avocats étaient un marché aussi (voir ICI).
Plusieurs sites qui ne sont pas administrés par des avocats mais par des Sociétés commerciales proposent des devis en ligne et de comparer les prix des avocats.
Je me suis inscrite sur l’un de ces sites qui vous permet d’avoir votre fiche d’avocat et une sorte de Blog.
Ce site vous donne aussi la possibilité de recevoir des demandes de clients, un peu du démarchage à l’envers.
Il est gratuit mais pour combien de temps ? De quoi vit-il, de la publicité? Non Des paiements des internautes qui demandent un devis? Non
Je parie donc que ce site ne va pas tarder à être payant pour les avocats ! Je parie aussi que lorsqu’il sera payant, il y aura beaucoup moins de Consœurs et Confrères intéressés pour recevoir des devis !
Un formulaire est à remplir par le potentiel client ou la potentielle cliente.
Il semblerait que les internautes qui utilisent le plus ce site soient des époux ou épouses qui souhaitent divorcer.
Le formulaire est très mal fait, il est demandé qui prend l’initiative de divorcer, si l’autre veut divorcer, si des fautes sont à reprocher… je pense que l’internaute a la possibilité de ne pas répondre à toutes les questions et notamment aux questions relatives au montant de ses revenus et au montant de ceux de son époux ou épouse. Or, cette question est essentielle en matière de divorce pour fixer la prestation compensatoire.
La demande se termine par « quel avocat recherchez-vous ? » et la majorité répond: l’avocat qui propose les prix les plus bas !
La majorité celle qui a de nombreux biens à partager, de nombreuses années de mariage, une prestation compensatoire éventuelle, des enfants… et surtout celle qui précise bien « mon époux ou mon épouse ne souhaite pas le divorce ».
A la lecture de la dernière réponse et de la recherche d’un avocat au rabais, l’avocate que je suis ne peux qu’être dubitative et réservée sur la réponse à donner ou à ne pas donner.
Car la question première qui me vient à l’esprit « à quoi bon répondre et perdre mon temps ».
Non pas que je me considère très chère…
C’est surtout que certains de mes Confrères n’hésitent pas à pratiquer des honoraires (ou osons parler de prix comme ces plateformes) dérisoires.
Or, si la recherche d’un « prix bas » peut-être légitime, il faut être conscient que lorsque l’on souhaite divorcer, contester son licenciement, payer un avocat au plus bas prix c’est aussi avoir une prestation au prix auquel vous l’avez payée.
Un peu comme les produits que vous achetez, il existe des produits de luxe, de qualité que vous payez relativement chers et pour lesquels vous ne regrettez pas l’investissement !
Choisir son avocat, payer son avocat c’est un investissement qui n’est pas à faire à la légère surtout si votre dossier est compliqué.
L’investissement que vous faites est pour votre présent mais aussi pour votre avenir surtout en matière familiale.
En matière de contestation de la rupture de votre contrat de travail, de demande de paiement d’heures supplémentaires ou de harcèlement moral, l’investissement doit être raisonné aussi… En payant un avocat « au ras des pâquerettes » peut-être que le travail sera aussi « au ras des pâquerettes » et ne vous permettra pas de gagner en première instance. Vous changerez d’avocat pour l’appel, et financièrement vous aurez perdu de l’argent.
Un divorce simple, sans enfant, avec un mariage bref (de deux ans par exemple), sans biens immobiliers, sans disparité de revenus, sans crédits, peut être traité rapidement et le prix sera fonction de ce peu de temps passé, dans ce cas précis, vous avez la possibilité d’attendre un prix raisonnable.
Pour le reste, il me semble très dangereux de choisir son avocat que sur ce seul critère qui est le prix… Dangereux même suicidaire !
En effet, la prestation d’un avocat est une prestation intellectuelle qui demande du temps, de l’énergie, de la stratégie… la prestation est sur mesure, elle n’est pas standardisée et « le sur mesure » est plus cher que le standard !
Si vous vous risquez à souhaiter le standard, il ne vous ira peut-être pas, il n’aura pas coûté cher mais sera soit trop grand, soit trop petit pour vous.
Remplacez le « je recherche l’avocat qui pratique les prix les plus bas » par « je recherche l’avocat le plus compétent pour traiter mon dossier et en qui j’aurai confiance ».
Je vous garanti que vous serez satisfait car votre dossier sera traité « sur mesure ».
( Voir aussi: l’avocat est-il cher, l’avocat pas cher existe-t-il ?)
eromawyn
30 mars 2015 — 17:28
Le problème c’est que d’une part les avocats sont connus pour être chers, et d’autre part, le seul critère objectif pour juger de la prestation d’un avocat sera le prix. Car difficile pour le client d’évaluer si un avocat plus cher sera plus compétant. On peut le supposer, mais on n’en sait rien quand on est pas versé dans le monde du droit. De plus, si un avocat plus cher signifie plus de chances de gagner un procès, cela ne signifie-t’il pas que la justice est partiale, et profite aux plus riches ?
Dans le cas d’un divorce, par exemple, on ne divorce pas très souvent, comment comparer les prestations ?
Alors comme il a l’impression de payer trop cher de toute façon, autant ne pas « engraisser » le plus cher (et prendre le risque d’avoir une prestation au rabais ?).
Michèle BAUER
1 avril 2015 — 00:33
Dans mon article, je ne dis pas que l’avocat le plus cher est le meilleur… je préconise de vous méfier des prix d’appels et des prix bas… Un divorce proposé à 200 euros est un divorce au rabais qui est « fait » à distance: aucun conseil, aucune vérification des identités n’aura été faite. Il faut être extrêmement prudent, payez cher un avocat n’est pas toujours la garantie d’une bonne défense et n’est pas non plus la garantie de gagner le procès (le juge statue pas l’avocat et un dossier qui juridiquement ne tient pas la route ne pourra pas être gagné même par le plus cher et le meilleur des avocats !)… en revanche payer un service au rabais est presque toujours être servi au rabais aussi !!
richarddelacroix
1 avril 2015 — 21:16
Bonjour,
J’avoue ce qui m’a interpellé dans votre article c’est qu’en parlant de luxe, de sur mesure et d’investissement, je me suis demandé comment pouvait se débrouiller les gens qui n’ont pas la possibilité de cet investissement. Est-ce qu’alors les aides juridiques à 100% et les conseils juridiques donnés gratuitement par les barreaux seraient du droit au rabais ? Est-ce à dire que lorsqu’un homme « pauvre » est en procès avec un homme « riche », il perdra forcément faute de moyen ? Pourquoi pas. Mais ça fait quand même mal de se l’entendre dire.
Qu’en pensez-vous ?
Michèle BAUER
1 avril 2015 — 22:01
Malheureusement la justice à deux vitesses est en marche, si elle n’est pas déjà en place. l’aide juridictionnelle est un problème récurrent pour lequel la profession d’avocat se mobilise… notre mobilisation est souvent mal comprise. Nous nous mobilisons pour que les missions à l’aide juridictionnelle soient mieux rémunérées et pour que les justiciables puissent avoir accès à la justice et bénéficient d’un avocat qui n’est pas payé au rabais… En tout état de cause être bénéficiaire de l’aide juridictionnelle et ne pas payer son avocat n’a pas pour conséquence perdre son procès et avoir droit à un avocat au rabais c’est réducteur et nous sommes tous différents, les cas sont différents… peut-être existe-t-il aussi des confrères qui sont bien payés et qui font mal leur travail, qui sait ? Dans mon article, je parlais du luxe, du surmesure, vous savez comme moi qu’il peut arriver qu’un produit de luxe soit de mauvaise qualité… comme un produit pas cher d’excellente qualité … si on peut comparer les avocats à des produits
Carambar
18 mai 2015 — 20:19
Oui, pour ma propre divorce, j’ai cherché un avocat le moins cher.
De plus, les deux parties ont été représentées par le même avocat, sans que la profession (ni le législateur) y trouve un conflit d’intérêts.
La recherche du moindre coût EST légitime, lorsqu’on passe par un avocat par contrainte légale et pas pour chercher conseil.
De plus, en parlant de paiement « au ras des pâquerettes », c’est l’aide juridictionnelle qui me vient à l’esprit. Serait-ce nécessairement un travail « au ras des pâquerettes »?
Michèle BAUER
19 mai 2015 — 07:56
Comme je l’indique dans mon article pour les dossiers simples il est légitime de rechercher le meilleur prix mais attention j’ai souvent pu constater que certains époux « radinaient » sur le prix de l’avocat et trouvaient un accord bancal…ce qui avait pour conséquence une nouvelle saisine du juge quelques années plus tard et des nouveaux frais d’avocats! pour ce qui est de l’ aide juridictionnelle les indemnités d’aj dépendent du contentieux et en tout état de cause le travail effectué au titre de l’AJ dépendra aussi de l’avocat et de sa conscience professionnelle. L’avocat qui intervient à l’AJ participe au service public de la justice et à l’accès au droit. Toutefois il est vrai que le montant des indemnités payées aux avocats au titre de l’AJ n’ont pas augmenté depuis des années.Je crains hélas que beaucoup d’avocats ne se détournent de cette participation au service public de la justice. Le justiciable « pauvre » aura moins de choix!